SACRIFICES OU MARABOUTAGE… : Qui égorge des bœufs aux carref

SACRIFICES OU MARABOUTAGE… : Qui égorge des bœufs aux carrefours de Kaloum ?
31 Jan, 2008

Le jeudi 24 janvier dernier, le ‘’Syli national’’ de Guinée s’est marré de son homologue du Maroc sur le score de 3 buts à 2. C ‘est dans le cadre des phases finales de la Coupe d’Afrique des nations de football, Accra 2008. Après cette victoire, on ne peut plus belle contre les Lions de l’Atlas, pourtant favoris sur le papier, une extase folle s’est emparée des Guinéens.

A Conakry, une marée humaine a déferlé sur nos artères principales pour danser avec le drapeau national (rouge-jaune-vert), et glorifier la force et la puissance de Pascal Feindouno et ses coéquipiers. Au point que bon nombre de Guinéens avaient oublié sinon pardonné la maladresse de Feindouno qui a occasionné son expulsion à 25 minutes de la fin du temps réglementaire.
Peu de temps après cette euphorie, des habitants de la Commune de Kaloum ont été surpris de voir des hommes en tenue militaire, qu’on appelle ‘’bérets rouges’’, égorger des bœufs à certains carrefours de Kaloum. Avant de disparaître aussitôt. Et bonjour une autre fête pour des Kaloumkas qui s’en sont servis à volonté. Même des bouchers ont pris leur part du ‘’cadeau’’, selon des témoins.
Seulement, on ne sait pas trop, s’il en a été de même pour les autres carrefours de la banlieue de la capitale. Nous n’avons pas eu de témoignage à ce propos. Reste qu’au-delà de cet acte, les supputations, interrogations et commentaires vont bon train. Pour les uns, il s’agit d’un cadeau désintéressé offert pour mieux arroser la victoire du Syli national de Guinée. Pour d’autres, c’est un sacrifice qui ne dit son nom, et qui vise à pousser le Syli vers la consécration. Par contre, il y a un troisième groupe qui pense que ce sacrifice n’a rien à voir avec une quelconque victoire du Syli national : ‘’il est fait pour répondre aux calculs politiques’’, entend-on.

Mais pourquoi le choix des carrefours de la Commune de Kaloum, le chef-lieu de la Présidence de la République et de la Primature ? Bref le siège du pouvoir tout court. Mystère ! Difficile donc de dire avec précision celui ou celle qui a mandaté ces hommes en bérets rouges à verser du sang à certains carrefours de Kaloum. Mais qui a plus d’intérêt à faire ce genre de ‘’sacrifice’’ ?
A priori les politiques, répondent des observateurs de la vie nationale. Par expérience, on sait quand même que très souvent, la veille des grandes compétitions électorales donne lieu à toutes sortes de consultations maraboutiques et occultes qui, elles-mêmes, accouchent des sacrifices de tout acabit. Pour rappel, à la veille des élections présidentielles de 2003, nombre de Conakrykas ont dû surprendre des calebasses de sang déposées – cette fois encore- aux carrefours des principales artères de la capitale. A l’époque, nos reporters, pour en savoir plus, avaient approché quelques célébrités nationales maraboutiques et des joueuses de cauris.

Tous avaient prédit que le dépôt aux carrefours desdites calebasses de sang était un sacrifice relatif à l’élection présidentielle de 2003, la troisième du genre après celles de 1993 et de 1998. Et la suite, vous la connaissez. En 2003, tous les partis politiques d’opposition (UPR, RPG, UPG, etc.) ont boudé cette élection estimant que les dés étaient déjà pipés. Etant donné qu’à leurs yeux, aucune condition préalable de transparence n’était réunie. Encore que le referendum de 2001 avait modifié certains articles de la Loi Fondamentale supprimant la limitation du nombre de mandats (préalablement limités à deux de 5 ans chacun) et celle de l’âge des candidats.
Et qui proroge le mandat présidentiel de 5 à 7 ans. Comme vous le savez, le candidat du Parti de l’unité et du progrès (PUP) en la personne du général Lansana Conté et le candidat Dr. Mamadou Bhoye Barry qui appartient à la Mouvance présidentielle étaient les deux protagonistes de la compétition. Pour une fois, face à un inconnu de la classe politique, le candidat du PUP sera réélu sans équivoque, ni contestation. Toutefois, pour le cas précis de ces bœufs, il est difficile d’en donner une explication claire. Quand on sait que pour le moment, aucune joute électorale n’est imminente. Même les élections législatives sont encore loin de se tenir.

Après plusieurs reports, la nouvelle date tarde encore à être fixée. Sauf que cette fois-ci, il y a un enjeu majeur, en ce sens que les prochaines consultations nationales pourraient être crédibles dans les conditions actuelles. Avec un gouvernement de mission et une Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’enjeu est vraiment de taille. A cela, on peut ajouter la crise qui couve actuellement au sommet de l’Etat.
Au moment où bon nombre d’observateurs s’interrogent sur qui du Chef de l’Etat Lansana Conté ou du Chef du gouvernement Lansana Kouyaté prendra le dessus, il y a de quoi…